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pas homme, une fois une résolution prise, à dans sa route pour quelque raison que ce fût.

Son hésitation ne fut pas longue.

Il se leva tout à coup et, frappant avec force la crosse de son rifle à terre, il regarda les deux hommes bien en face en leur disant d’une voix ferme :

— Soyons francs, ma présence ici à cette heure avancée vous étonne, n’est-ce pas ? et vous vous demandez pourquoi j’y suis et quelle cause m’amène.

— Monsieur !… fit le moine avec une certaine hésitation que le ton du jeune homme rendait fort naturelle.

— Permettez, s’écria Schaw en l’interrompant ; cette cause que vous chercheriez vainement sans la trouver jamais, je vais vous la dire, moi : Je viens ici pour délivrer doña Clara.

— Il serait possible ! s’écrièrent les deux hommes avec stupéfaction.

— C’est ainsi. Que cela vous plaise ou non, peu m’importe ; je suis homme à vous tenir tête à tous deux, sachez-le, et nul ne pourra m’empêcher de rendre, ainsi que je l’ai résolu, cette jeune fille à son père.

— Comment, il serait possible ! dit Fray Ambrosio.

— Oui, reprit-il vivement. Ainsi, croyez-moi, n’essayez pas une résistance inutile, car je suis résolu à vous passer, s’il le faut, sur le corps pour réussir.

— Mais nous ne voulons nullement…

— Prenez garde ! interrompit-il d’une voix pleine de menace en fronçant les sourcils, je ne sortirai d’ici qu’en compagnie de celle que je prétends sauver.

— Monsieur, dit le moine d’un ton d’autorité qui pour un instant en imposa au jeune sauvage, deux mots d’explication.