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plement une funeste veine au monté qui lui avait récemment enlevé une vingtaine de mille piastres gagnées Dieu sait comment. Mais le señor don Andrès était un homme d’une bravoure sans égale, doué d’un esprit fertile et prompt, que les hasards de sa vie accidentée outre mesure avaient obligé à vivre longtemps dans les llanos (prairies) dont il connaissait aussi bien les détours que les ruses de ceux qui les habitent ; pour ces différentes raisons et bien d’autres encore, Andrès Garote était un compagnon précieux pour Fray Ambrosio, qui, lui aussi, avait de rudes revanches à prendre contre le monté ; aussi eut-il l’air d’ajouter la foi la plus complète à ce qu’il plaisait à son honorable ami de débiter touchant sa fortune perdue.

— Mais, dit-il après une seconde de réflexion, en supposant que le placer soit intact, que nul ne l’ait découvert, nous avons une longue marche à faire pour y arriver.

— Oui, fit le gambusino avec intention, cette route est difficile, semée de périls sans nombre.

— Il faut marcher le menton sur l’épaule, le doigt sur la détente du rifle.

— Se battre presque constamment, soit contre les bêtes fauves, soit contre les Indiens.

— En effet, pendant un si long trajet, croyez-vous que cette femme que le Cèdre-Rouge a enlevée ne nous gênera pas ?

— Énormément, murmura Andrès avec un regard d’intelligence.

— N’est-ce pas ?

— C’est mon opinion, señor padre.

— Comment faire ?

— Dame, c’est difficile.