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ment bien pardonnable, c’était la première fois qu’il se trouvait en présence de ces Peaux Rouges indomptés, dont la renommée terrible l’avait si souvent fait frissonner.

— Quelle raison assez puissante a obligé mes fils à me venir trouver, dit-il d’un ton gracieux et conciliant ? Qu’ils m’adressent leur demande, et si je puis y faire droit, je m’empresserai de les satisfaire.

Ce début, que le gouverneur croyait très-politique, était au contraire on ne peut plus maladroit, puisqu’il froissait l’orgueil de ceux auxquels il s’adressait et qu’il avait le plus grand intérêt à ménager.

L’Unicorne fit un pas en avant, un sourire sardonique plissa ses lèvres, et il répondit d’une voix légèrement empreinte de raillerie.

— J’ai entendu parler un toznem (perroquet) ; est-ce donc à moi que s’adressent ces paroles ?

Le général rougit jusqu’aux yeux de cette insulte, qu’il n’osa cependant pas relever.

— Le chef a mal compris mes paroles, dit-il, mes intentions sont bonnes, je n’ai que le désir de lui être agréable.

— Les Comanches ne viennent pas ici pour demander une grâce, répondit fièrement l’Unicorne, ils savent se faire justice quand on les offense.

— Que veulent donc mes fils ?

— Traiter avec mon père de la rançon des chefs blancs qui sont en leur pouvoir. Cinq Visages Pâles habitent les calli des Comanches, les jeunes hommes de la tribu demandent leur supplice, le sang des Visages Pâles est agréable au maître de la tribu ; demain les prisonniers auront vécu si mon père ne les rachète pas aujourd’hui.