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L’Indien s’inclina silencieusement et se tourna vers Valentin, qui avait assisté immobile à cet entretien.

— Mon frère m’a appelé, je suis venu ; que veut-il de l’Unicorne ?

— Que mon frère prenne place au feu du conseil et fume le calumet avec son ami ; des chefs ne parlent pas sans réfléchir aux paroles qu’ils vont prononcer.

— Mon frère parle bien, je prendrai place à son foyer.

Curumilla avait allumé un grand feu dans le premier compartiment de la caverne. Les quatre hommes laissèrent le père Séraphin prendre quelques instants de repos ; ils se placèrent autour du feu et le calumet passa de main en main.

Les Indiens n’entreprennent jamais rien d’important, ils n’entament pas une discussion sans, provisoirement, fumer le calumet en conseil, quelles que soient les circonstances dans lesquelles ils se trouvent.

Lorsque le calumet eut fait le tour du cercle, Valentin se leva :

— Tous les jours, dit-il en saluant le chef, j’apprécie davantage l’honneur que m’ont fait les Comanches en m’adoptant pour fils. La nation de mon frère est puissante, ses territoires de chasse couvrent toute la surface de la terre ; les Apaches fuient devant les guerriers comanches comme les coyotes poltrons devant les hommes courageux. Déjà, plusieurs fois, mon frère m’a rendu service avec cette grandeur d’âme qui le distingue et ne peut appartenir qu’à un guerrier aussi célèbre qu’il l’est ; aujourd’hui, c’est encore un service que je viens demander à mon frère ; ce service, voudra-t-il me le rendre ? je le présume,