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Mais les ténèbres étaient trop épaisses pour qu’il lui fût possible de rien distinguer.

— Que faire ? murmura don Pablo avec tristesse.

— Chercher, répondit vivement Valentin ; il ne peut être loin.

Curumilla s’était déjà lancé sur la piste et avait disparu dans les ténèbres.

Curumilla n’avait jamais été grand parleur de sa nature ; avec l’âge il était devenu d’un mutisme presque complet ; il ne prononçait une parole que lorsqu’il le fallait absolument.

Mais en revanche, si le digne Indien ne parlait pas, il agissait, et dans les situations critiques sa détermination valait souvent les plus longs discours.

Don Pablo, docile à l’ordre de Valentin, jeta son rifle sur son épaule et se prépara à l’exécuter.

— Où allez-vous ? lui demanda le chasseur en lui saisissant le bras.

— À la recherche du père Séraphin.

— Attendez !

Les deux hommes restèrent immobiles, écoutant ces bruits mystérieux du désert, mélodie sans nom qui plonge l’âme dans une douce rêverie.

Près d’une heure s’écoula ainsi, sans que rien vînt révéler aux chasseurs que les recherches de Curumilla eussent été couronnées de succès.

Valentin, impatienté de cette longue attente, se préparait à se mettre, lui aussi, sur la piste, lorsque tout à coup le cri faible et saccadé du walkon (oiseau de paradis) s’éleva dans l’air.

— Qu’est cela ? demanda don Pablo étonné.

— Silence ! murmura Valentin.

Une seconde fois le walkon chanta.