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ques minutes formé dans sa tête un de ces plans hardis comme lui seul savait en trouver.

— Du courage, dit-il à don Pablo ; tant que le cœur bat dans la poitrine, il y a de l’espoir, vive Dieu ! La première partie est perdue, soit ; mais à nous la revanche !

Don Pablo avait dans Valentin une foi entière ; il avait été souvent à même d’éprouver son ami. Si ces paroles ne le rassurèrent pas complétement, au moins elles lui rendirent presque l’espoir et lui redonnèrent le courage qui lui était si nécessaire à cet instant suprême et qui l’avait abandonné.

— Parlez, lui dit-il, mon ami, que faut-il faire ?

— Allons au plus pressé d’abord, sauvons le père Séraphin, qui s’est dévoué pour vous.

Les trois hommes se mirent en route. La nuit était sombre.

La lune n’apparaissait que par intervalles ; incessamment voilée par d’épais nuages qui passaient sur son disque, elle semblait ne répandre qu’à regret sur la terre les lueurs blafardes de ses froids rayons.

Le vent sifflait entre les branches des arbres qui s’entre-choquaient avec de sourds et mystérieux murmures ; les coyotes hurlaient à plein gosier dans la plaine, et parfois leurs sinistres silhouettes se dessinaient rapides à l’horizon.

Après une heure de marche environ, les trois hommes arrivèrent à l’endroit où le missionnaire était tombé renversé par la balle de Cèdre-Rouge.

Le père Séraphin avait disparu.

Une inquiétude mêlée d’une angoisse terrible serra le cœur des chasseurs.

Valentin jeta autour de lui un regard désespéré.