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Un vif sentiment de plaisir fit tressaillir Valentin à cette proposition inattendue : être adopté par les Comanches était obtenir de fait le droit de chasse dans toute l’étendue des immenses prairies où cette nation puissante prédomine par son courage indomptable et le nombre de ses guerriers. Le chasseur échangea un regard avec son silencieux compagnon et se leva.

— J’accepte pour moi et pour mon ami, dit-il en tendant la main au chef, l’honneur que me font les Comanches de m’admettre au nombre des fils de leur nation belliqueuse. Nous saurons nous rendre dignes de cette faveur insigne.

L’Unicorne sourit.

— Demain, dit-il en se levant, mes frères seront adoptés par la nation.

Après avoir gracieusement salué les chasseurs, il prit congé d’eux et se retira.

Le lendemain, au point du jour, les chefs entrèrent dans le calli.

Valentin et Curumilla étaient prêts ; ils connaissaient de longue date les épreuves qu’ils avaient à subir.

Les néophytes furent conduits dans la grande hutte de médecine, où un copieux repas était préparé.

Ce repas se composait de chair de chien bouillie dans la graisse d’ours, de camottes, de tortillas, de maïs et de gâteaux de hautle.

Les chefs s’accroupirent en rond, les femmes les servirent.

Quand le repas fut terminé, chacun se leva ; l’Unicorne se plaça entre les deux chasseurs, appuya la main sur leur tête et entonna le grand chant de guerre.

Ce chant fut répété en chœur par les assistants, au