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chevaux de rechange ; le chef en fit donner à sa femme et à ses nouveaux amis ; puis, sur un signe de lui, toute la troupe s’ébranla et partit à fond de train.

Les Indiens ne connaissent pas d’autre allure que le galop.

Après deux heures environ de cette course désordonnée, on arriva à peu de distance du village dont les abords se faisaient sentir déjà depuis quelque temps, à cause de l’habitude qu’ont les Comanches de placer leurs morts sur des échafaudages où ils se pourrissent en dehors des villages ; ces échafaudages, composés de quatre pieux plantés en terre, se terminent en fourche, auprès se trouvaient plusieurs grandes perches auxquelles étaient suspendues des peaux et autres offrandes faites par les Indiens au génie du bien.

À l’entrée du village, une foule de cavaliers étaient réunis et attendaient le retour du sachem ; dès qu’ils l’aperçurent, ils poussèrent un hourra formidable et arrivèrent comme un ouragan en criant, tirant des coups de fusil et brandissant leurs armes.

La troupe de l’Unicorne imita cet exemple, et bientôt ce fut un chaos et un tohu-bohu sans nom.

Le sachem fit son entrée dans le village au milieu des cris, des aboiements des chiens, des coups de fusil ; enfin il fut accompagné jusqu’à la place par un vacarme indescriptible.

Arrivés là, les guerriers s’arrêtèrent. L’Unicorne fit mettre pied à terre aux chasseurs et les guida jusqu’à son calli (hutte), où il les fit entrer avant lui.

— Maintenant, leur dit-il, frères, vous êtes chez vous ; reposez en paix, buvez, mangez. Ce soir, je viendrai causer avec vous et vous faire une proposition que je souhaite vivement ne pas vous voir repousser.