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sage pâle, répondit-il, mais avant il faut qu’il réponde à une question que je veux lui adresser.

— Mon frère peut parler ; mes oreilles sont ouvertes.

— Bien, répondit le chef ; comment les chasseurs ont-ils avec eux la femme de l’Unicorne ?

— Que Rayon-de-Soleil réponde elle-même à cette question, dit gravement Valentin.

Le chef se tourna vers sa femme.

— J’attends, fit-il.

L’Indienne répéta mot pour mot à son mari le récit qu’elle avait fait quelques instants auparavant.

L’Unicorne l’écouta sans témoigner ni surprise ni colère, son visage demeura impassible, seulement ses sourcils se froncèrent imperceptiblement.

Lorsque sa femme eut fini de parler, le chef comanche pencha la tête sur la poitrine et demeura un instant plongé dans de sérieuses réflexions.

Puis il releva la tête.

— Qui a sauvé le Rayon-de-Soleil du fleuve où elle allait périr ? lui demanda-t-il.

Le visage de la jeune femme s’éclaira d’un charmant sourire.

— Ces chasseurs, dit-elle.

— Bon, répondit laconiquement le chef en jetant sur les deux hommes un regard empreint d’une expression de reconnaissance ineffable.

— Pouvions-nous la laisser périr ? dit Valentin.

— Mes frères ont bien agi. L’Unicorne est un des premiers sachems de sa nation, sa langue n’est pas fourchue, il donne son cœur une fois et ne le reprend plus, le cœur de l’Unicorne est aux chasseurs.

Ces paroles si simples furent prononcées avec cette majesté et cette grandeur que les Indiens savent si