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— La caille chante bien tard, il me semble, murmura Valentin avec soupçon.

L’Indienne sourit en lui jetant un regard en dessous, mais elle ne répondit pas.

Tout à coup un léger craquement de branches sèches troubla le silence.

Valentin et Curumilla firent un mouvement pour se lever et saisir leurs rifles posés à terre auprès d’eux.

— Que mes frères ne bougent pas, dit vivement la jeune femme, c’est un ami.

Les chasseurs restèrent immobiles.

La jeune femme imita alors avec une rare perfection le chant de la hulotte bleue.

Alors les buissons s’écartèrent, et un guerrier indien, complétement peint et armé en guerre, bondit comme un chacal au-dessus des herbes et des plantes qui obstruaient le passage et s’arrêta en face des chasseurs.

Ce guerrier était l’Unicorne.

Il salua les deux hommes avec cette grâce innée dans la race indienne ; puis il croisa les bras sur sa poitrine et attendit, sans jeter un regard sur sa femme, sans même paraître l’avoir vue.

De son côté, l’Indienne ne fit pas un geste.

Pendant quelques secondes, un silence pénible plana sur les quatre personnages que le hasard avait réunis d’une façon si bizarre.

Enfin Valentin, voyant que le guerrier s’obstinait dans son mutisme, se décida à lui parler le premier.

— L’Unicorne est le bienvenu à notre camp, dit-il ; qu’il prenne place au feu de ses frères, et partage avec eux les vivres qu’ils possèdent.

— Je prendrai place au foyer de mon frère le vi-