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— Ce misérable est fou ! répondit le jeune homme avec mépris.

Il fit un pas en arrière et s’arrêta.

— Écoutez, reprit-il, je me retire, mais nous nous reverrons ; et malheur à vous alors, car je serai sans pitié pour vous comme vous l’avez été pour moi ! Adieu !

— Oh ! vous ne partirez pas ainsi, mon maître ! s’écria le squatter qui avait repris toute son audace et sa jactance ; ne vous ai-je pas dit que je vous tuerais ?

Le jeune homme fixa sur lui un regard d’une expression indéfinissable, et, se croisant résolument les bras sur la poitrine :

— Essayez, dit-il d’une voix brève et saccadée par la colère qui bouillonnait au fond de son cœur.

Le Cèdre-Rouge poussa un cri de rage et se précipita sur don Pablo.

Celui-ci attendit impassible le choc qui le menaçait, mais dès que le squatter fut à sa portée, il se débarrassa vivement de son manteau, et l’élevant au-dessus de sa tête, il le jeta sur la tête de son ennemi, qui, aveuglé par les plis de l’épais vêtement, roula en hurlant sur le sol sans pouvoir se délivrer de l’étoffe maudite qui l’enveloppait comme d’un réseau inextricable.

D’un bond le jeune homme sauta par-dessus la table, et sans plus s’occuper du Cèdre-Rouge, il se dirigea vers la porte.

Mais Fray Ambrosio s’élança sur lui, cherchant à lui enfoncer son couteau dans la poitrine.

Sans se déconcerter, don Pablo saisit le poignet de son agresseur, et avec une force que celui-ci était loin de soupçonner, il lui tordit le bras de telle façon que ses doigts se détendirent, et il laissa échapper le couteau avec un cri de douleur.