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baignés de sueur, et en tordant entre leurs doigts une cigarette de maïs.

La salle dans laquelle ils se trouvaient n’avait rien de bien attrayant : c’était une grande chambre percée de deux fenêtres garnies de forts barreaux de fer dont les vitres crasseuses ne laissaient pénétrer qu’un jour douteux qui lui donnait un aspect lugubre ; ses murs nus et enfumés étaient couverts par places d’images grossièrement enluminées représentant divers sujets de sainteté.

Le mobilier ne se composait que de trois ou quatre tables boiteuses, autant de bancs et quelques butaques dont le cuir troué et racorni annonçait leur long usage.

Quant au plancher, c’était tout simplement le sol battu, mais rendu raboteux par la boue incessamment apportée par les pieds des visiteurs.

Une porte soigneusement fermée conduisait à une chambre intérieure dans laquelle couchait le ranchero ; une autre porte faisait face à la première, et par celle-là Andrès ne tarda pas à rentrer dès qu’il eut donné la provende aux chevaux.

— Je ne vous attendais pas encore, dit-il en entrant, mais soyez les bien venus. Quoi de nouveau ?

— Ma foi, je ne sais rien autre que l’affaire qui nous amène ; elle est assez sérieuse, je suppose, pour que nous ne nous occupions pas d’autre chose, dit le Cèdre-Rouge.

Caspita ! quelle vivacité, compadre ! s’écria Andrès ; mais avant de causer, j’espère que vous vous rafraîchirez au moins : il n’y a rien de tel qu’un trago de mezcal ou de pulque pour éclaircir les idées, hein ?

— Avec cela, interrompit Fray Ambrosio, qu’il fait une chaleur de tous les diables et que j’ai la