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Curumilla demeura le dernier.

— Tout n’est pas fini encore, dit-il à don Miguel. Koutonepi vous sauver, père.

L’hacendero hocha tristement la tête.

— Chef, dit-il d’une voix émue, je lègue ma fille à Valentin, au père Séraphin et à vous. Veillez sur elle, la pauvre enfant bientôt n’aura plus de père.

Curumilla embrassa silencieusement don Miguel et se retira.

Bientôt il eut disparu dans la foule.

Le général avait loyalement tenu sa parole.

Don Miguel jeta ses armes et descendit.

— Je suis votre prisonnier, dit-il.

Le général s’inclina et lui fit signe de monter sur un cheval qu’un soldat avait amené.

— Où allons-nous donc ? demanda l’hacendero.

— À Santa-Fé, répondit le général, où vous serez jugé ainsi que le général Ibañez, qui sans doute sera bientôt prisonnier comme vous.

— Oh ! murmura don Miguel d’un ton pensif ; qui donc nous a trahis encore ?

— Toujours le Cèdre-Rouge, fit le général.

L’hacendero baissa la tête sur sa poitrine et garda le silence.

Un quart d’heure plus tard le prisonnier sortait du Paso del Norte, escorté par un régiment de dragons.

Lorsque le dernier soldat eut disparu dans les méandres de la route, trois hommes sortirent des buissons qui les cachaient et se dressèrent comme trois fantômes au milieu de la plaine déserte.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria don Pablo d’une voix déchirante ; mon père !… ma sœur !… qui me les rendra !…