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— Jamais ! s’écrièrent tout d’une voix les conjurés.

— C’est à moi à répondre, fit don Miguel, et se tournant vers le général : Quelle assurance me donnez-vous que ces conditions seront loyalement exécutées ?

— Ma parole d’honneur de soldat, fit le général.

— Écoutez, reprit don Miguel, j’accepte ; tous les hommes qui m’accompagnent quitteront la ville l’un après l’autre.

— Non, nous ne voulons pas, s’écrièrent les conjurés en brandissant leurs armes, mourons plutôt !

— Silence ! dit l’hacendero d’une voix vibrante ; moi seul ai le droit de parler ici, je suis votre chef ; la vie de braves gens comme vous ne doit pas être inutilement sacrifiée. Partez, je le veux, je vous l’ordonne , je vous en prie, ajouta-t-il des larmes dans la voix, peut-être bientôt prendrez-vous votre revanche.

Les conjurés baissèrent tristement la tête.

— Eh bien ? demanda le général.

— Mes amis acceptent, je resterai seul ici, le dernier. Si vous manquez à votre parole, je me tuerai.

— Je vous répète que vous avez ma parole, répondit le général.

Les conjurés vinrent l’un après l’autre embrasser don Miguel, puis ils descendirent dans la rue et s’éloignèrent sans être inquiétés.

Les choses se passent ainsi dans ce pays où les conspirations et les révolutions sont pour ainsi dire à l’ordre du jour ; on s’épargne autant que l’on peut par la raison toute simple que le lendemain on risque de se trouver côte à côte combattant pour la même cause.