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contraire et les avait considérablement accrus. Sans rien dire, il se plaça auprès du chasseur en se promettant in petto de le surveiller.

Le plan des conjurés était simple : marcher directement sur le cabildo (maison de ville), s’en emparer, et proclamer un gouvernement provisoire.

Dans les circonstances présentes, rien ne paraissait plus facile.

Don Miguel et sa troupe entrèrent dans le Paso sans que rien vînt éveiller leurs soupçons.

Partout le calme et le silence.

Le Paso del Norte ressemblait à cette ville des Mille et une Nuits, dont tous les habitants, frappés par la baguette d’un méchant enchanteur, dorment d’un sommeil éternel.

Les conjurés s’avançaient dans la ville le canon du fusil en avant, l’œil et l’oreille au guet, prêts à faire feu à la moindre alerte.

Mais rien ne bougeait.

Comme l’avait fait observer Curumilla, la ville était trop calme. Cette tranquillité cachait quelque chose d’extraordinaire, elle devait recéler la tempête.

Malgré lui, don Miguel éprouvait une appréhension secrète qu’il ne pouvait maîtriser.

À nos yeux européens, don Miguel Zarate paraîtra peut-être un triste conspirateur, un conspirateur sans prévoyance, sans grande suite dans les idées ; à notre point de vue, cela est possible ; mais dans un pays comme le Mexique, qui compte les révolutions par centaines, où les pronunciamentos se font, la plupart du temps, sans rime ni raison, parce qu’un colonel veut passer général ou un lieutenant capitaine, l’on n’y regarde pas d’aussi près, et l’hacendero avait, au con-