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XXIII.

L’Enlèvement.

Le Cèdre-Rouge et Fray Ambrosio n’étaient pas restés inactifs depuis leur dernière entrevue jusqu’au jour où don Miguel était parti pour la grande chasse aux chevaux sauvages.

Ces deux personnages si bien faits pour s’entendre avaient manœuvré avec une adresse extrême.

Fray Ambrosio, dont tous les instincts cupides avaient été tenus en éveil depuis qu’il avait si bien volé au pauvre Joaquin le secret du placer, s’était hâté de récolter une formidable collection de bandits, comme il en foisonne sur les frontières indiennes.

En quelques jours, il s’était trouvé à la tête d’une troupe de cent vingt aventuriers, hommes de sac et de corde, dont il se croyait d’autant plus sûr que le but réel de l’expédition ne leur avait pas été révélé, et qu’ils croyaient simplement être engagés pour faire une partie de guerre et aller à la chasse aux chevelures.

Ces hommes, qui tous connaissaient de réputation le Cèdre-Rouge, brûlaient de partir, tant ils étaient sûrs avec un tel chef de faire une productive expédition.

Deux hommes seuls faisaient tache dans cette troupe entièrement composée de drôles de toutes sortes, et dont le moins compromis avait au moins trois ou quatre meurtres sur la conscience. Ces deux hommes étaient les chasseurs canadiens Harry et Dick, qui se trouvaient, pour des raisons que le lecteur a devinées sans doute, fourvoyés à leur grand regret au milieu de ces bandits.