Valentin leur fit signe de rester immobiles ; il se coucha à terre et appliqua son oreille sur le sol.
— Suivez-moi, dit-il, il se passe ici quelque chose qui m’inquiète et que je ne puis définir.
Les jeunes gens le suivirent sans hésiter.
À peine avaient-ils fait quelques pas que Valentin s’arrêta :
— Vos armes sont-elles chargées ? demanda-t-il brusquement à don Pablo.
— Oui, répondit celui-ci.
— Bien ; peut-être bientôt faudra-t-il vous en servir.
Tout à coup le galop d’un cheval lancé à toute bride retentit à peu de distance.
— Attention ! murmura Valentin.
Cependant le cavalier, quel qu’il fût, avançait rapidement dans la direction des voyageurs ; bientôt il se trouva près d’eux.
Soudain Valentin bondit comme une panthère, saisit le cheval par la bride et l’arrêta net.
— Qui êtes-vous, et où allez-vous ? s’écria-t-il en appuyant le canon d’un pistolet sur la poitrine de l’inconnu.
— Dieu soit loué ! s’écria celui-ci sans répondre à la question qui lui était faite, peut-être pourrai-je vous sauver ! Fuyez ! fuyez ! hâtez-vous !
— Le père Séraphin ! s’écria Valentin avec stupeur en baissant son pistolet ; qu’est-il arrivé, mon Dieu !
— Fuyez ! fuyez ! répéta le missionnaire, qui semblait en proie à la plus profonde terreur.