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dans le premier moment, ils comprenaient qu’une lutte contre des ennemis si nombreux était insensée, qu’elle n’aboutirait qu’à rendre leur position plus mauvaise qu’elle l’était en réalité, que les conditions du chef, toutes dures qu’elles paraissaient, offraient au moins quelques chances de salut à une partie d’entre eux, et que les femmes seraient sauvées.

Cette dernière et toute-puissante considération les décida. Don Miguel n’eut pas de peine à les convaincre de la nécessité de se soumettre ; bien qu’il leur en coûtât, ils descendirent de leurs chevaux et se rangèrent sur une ligne ainsi que le chef l’avait exigé d’eux.

Don Miguel et son fils se placèrent en tête.

L’Unicorne, avec ce courage froid qui caractérise les Indiens, s’avança alors seul vers les Mexicains qui avaient leurs armes et auraient pu peut-être, poussés par le désespoir et au risque d’être tous massacrés, le sacrifier à leur vengeance.

Le chef avait, lui aussi, mis pied à terre. Les mains derrière le dos, les sourcils froncés, il commença son inspection terrible.

Bien des cœurs se serraient à son approche, car c’était une question de vie ou de mort qui se décidait pour les malheureux ; seule la perspective des tortures atroces qui menaçaient leurs femmes avait pu les faire consentir à cette humiliante et dégradante condition.

L’Unicorne fut généreux.

De tous les Mexicains, il n’en conserva que huit, les autres eurent la permission de monter à cheval et de sortir du cercle fatal qui les enserrait.

Seulement, par un hasard étrange ou par une préméditation dont la cause leur échappait, ces huit prisonniers, au nombre desquels se trouvaient le gouverneur,