Le chef indien prit la parole :
— Que les Faces Pâles écoutent, dit-il, un sachem va parler.
— Nous n’avons pas le temps de prêter l’oreille aux paroles insidieuses que vous vous préparez à nous dire, chef, répondit don Miguel d’une voix hautaine ; retirez-vous ; ne vous obstinez pas à nous barrer le passage, sinon il y aura du sang répandu.
— Les Visages Pâles l’auront voulu, reprit le Comanche d’une voix douce. Les Indiens ne veulent pas de mal aux guerriers pâles.
— Pourquoi cette attaque subite, alors ? Le chef est fou, nous ne nous laissons pas tromper si facilement qu’il paraît le supposer ; nous savons fort bien qu’il en veut à nos chevelures.
— Non, l’Unicorne désire faire un traité avec les Visages Pâles.
— Voyons, chef, expliquez-vous ; peut-être vos intentions sont-elles en effet telles que vous le dites, je ne veux pas avoir à me reprocher de m’être obstiné à ne pas vous écouter.
L’Indien sourit.
— Bon, dit-il, le grand chef blanc devient raisonnable ; qu’il écoute donc les paroles que prononcera l’Unicorne.
— Allez, chef, mes compagnons et moi nous écoutons.
— Les Visages Pâles sont des chiens voleurs, dit le chef d’une voix rude ; ils font aux Peaux Rouges une guerre continuelle, achetant leurs chevelures comme si c’étaient des fourrures de bêtes fauves ; mais les Comanches sont des guerriers magnanimes qui dédaignent de se venger ; les femmes des blancs sont en leur pouvoir, ils les rendront.