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Les chasseurs n’étaient tout au plus qu’une vingtaine.

Le nombre des guerriers comanches qui les cernaient se montait au moins à trois cents.

Les Comanches et les Apaches sont les plus implacables ennemis de la race blanche. Dans leurs invasions périodiques sur les frontières, ils ne font presque jamais de prisonniers ; ils tuent sans pitié tous ceux qui tombent en leur pouvoir.

Cependant les Mexicains s’étaient ralliés. Certains du sort qui les attendait, ils étaient résolus à vendre chèrement leur vie.

Il y eut un instant d’attente suprême avant le combat mortel qui allait s’engager.

Soudain un cavalier indien fit bondir son cheval hors des rangs de ses guerriers et s’avança à trois pas de la petite troupe mexicaine.

Arrivé là, il s’arrêta et déploya sa robe de bison en signe de paix.

Le gouverneur de la province fit le geste d’un homme qui se prépare à répondre à une interpellation.

— Laissez-moi me charger de la négociation, lui dit don Miguel ; je connais les Indiens mieux que vous, peut-être parviendrai-je à nous sortir du mauvais pas dans lequel nous sommes.

— Faites, répondit le gouverneur.

Le général Ibañez était le seul qui fût resté calme et impassible lors de la surprise : il ne fit pas un mouvement pour saisir ses armes ; au contraire, il se croisa nonchalamment les bras sur la poitrine et jeta un regard railleur à ses compagnons en sifflotant une seguidilla entre ses dents.

Don Pablo s’était placé aux côtés de son père, prêt à le défendre au péril de sa vie.