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levée et la crinière flottante au vent, qui bondissent et galopent effarées au milieu du cercle fatal que les chasseurs ont tracé autour d’elles.

Il y a dans une telle vue quelque chose d’enivrant qui entraîne les plus flegmatiques et les rend fous d’enthousiasme et de plaisir.

Lorsque cette manœuvre eut duré assez longtemps, et que les chevaux commencèrent à se laisser aveugler par la fureur, à un signal donné par don Miguel, le cercle se rompit à une certaine place. Les chevaux s’engouffrèrent avec un roulement semblable au tonnerre dans cette issue qui venait de s’ouvrir devant eux, brisant du poitrail tout ce qui s’opposait à leur passage.

Mais c’était là que les attendaient les chasseurs.

Les chevaux, dans leur course effarée, galopaient sans songer que la route qu’ils suivaient se rétrécissait incessamment devant eux, et aboutissait à une captivité inévitable.

Expliquons ce dénoûment de la chasse. La manade avait été habilement dirigée par les chasseurs vers l’entrée d’un cañon ou ravin qui se trouvait entre deux collines assez élevées ; au bout de ce ravin, les vaqueros avaient formé, avec des pieux de 15 pieds de haut, plantés en terre et fortement liés entre eux par des cordes d’écorce tordue, un immense caral ou enclos où les chevaux se précipitèrent en foule sans y songer, et même sans le voir.

En moins de rien le caral fut rempli.

Alors des chasseurs s’élancèrent résolûment au-devant de la manade qu’ils coupèrent, au risque de leur vie, pendant que d’autres fermaient l’enclos.

Près de 1,500 chevaux sauvages magnifiques avaient été pris ainsi, d’un seul coup.