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village et roula comme une avalanche le long des flancs de la colline, arrivant à toute bride sur les deux chasseurs toujours immobiles, en brandissant leurs armes et jetant leur cri de guerre.

Les chasseurs attendaient, nonchalamment appuyés sur leurs fusils.

Certes, pour qui n’eût pas été au fait des mœurs singulières de la prairie, cette façon de s’aborder eût paru une hostilité déclarée ; il n’en était rien pourtant, car, arrivés à portée des chasseurs, les Comanches commencèrent à faire danser et caracoler leurs chevaux avec cette grâce et cette habileté qui caractérisent les Indiens, et, se déployant à droite et à gauche, ils formèrent un vaste cercle au centre duquel se trouvèrent enfermés les deux chasseurs, toujours impassibles.

Alors un cavalier se détacha de la troupe, mit pied à terre et s’approcha rapidement des nouveaux venus ; ceux-ci se hâtèrent d’aller à sa rencontre. Tous trois avaient le bras étendu, la main ouverte, la paume en avant en signe de paix.

L’Indien qui s’avançait ainsi à la rencontre des chasseurs était Haboutzelze, c’est-à-dire l’Unicorne, le grand chef des Comanches.

Signe distinctif de sa race, il avait la peau d’une teinte rouge, plus claire que le cuivre neuf le plus pâle.

C’était un homme de trente ans au plus, aux traits mâles et expressifs ; sa physionomie était d’une intelligence remarquable et particulièrement empreinte de cette majesté naturelle que l’on rencontre chez les sauvages enfants des prairies ; sa taille était élevée, bien prise, élancée, et ses membres fortement musclés dénotaient une vigueur et une souplesse contre