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marcher dans le désert, à ne poser le pied que solidement, sans hésiter ; le blanc a des bottes avec de hauts talons qui, chaque fois qu’il les pose, rendent un son clair et retentissant, les éperons attachés après les bottes produisent un cliquetis métallique continuel, le pas est timide, maladroit, à chaque instant une pierre ou une motte de terre s’écroule sous le pied posé en hésitant, qui ne trouve que difficilement un point d’appui solide ; il est facile de reconnaître que l’homme qui marche ainsi a l’habitude du cheval et ne sait pas se servir de ses pieds ; tenez, les voilà qui pénètrent dans la grotte, vous entendrez bientôt le signal.

En ce moment le cri du coyote retentit à trois reprises différentes, à intervalles égaux.

Valentin répondit par un cri semblable.

— Eh bien, m’étais-je trompé ? dit-il.

— Je ne sais que penser, mon ami ; ce qui m’étonne surtout, c’est que vous ayez entendu nos amis si longtemps d’avance.

— Le terrain de cette grotte est un excellent conducteur du son, répondit simplement le chasseur, voilà tout le mystère.

— Diable ! ne put s’empêcher de dire don Miguel ; vous ne négligez rien, il me semble.

— Pour vivre au désert il ne faut rien négliger, les plus petites choses ont leur importance, une observation faite avec soin peut souvent sauver la vie à un homme.

Pendant ces quelques mots, échangés entre les deux amis, un bruit de pas s’était fait entendre, se rapprochant de plus en plus.

Deux hommes parurent.

L’un était la Plume-d’Aigle, le sachem des Coras.