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— C’est étonnant, répondit don Miguel, que je n’aie jamais entendu parler de ces ruines.

— Qui les connaît ? personne. Du reste, elles ressemblent beaucoup à celles du même genre que l’on trouve à Jochicalco.

— Où me conduisez-vous donc, mon ami ? Savez-vous que le chemin n’est pas des plus agréables et commence à me fatiguer ?

— Encore un peu de patience, dans dix minutes nous arriverons. Je vous conduis dans une grotte naturelle que j’ai découverte il y a peu de temps. Cette grotte est admirable ; il est probable qu’elle a toujours été ignorée des Espagnols, bien que je sache pertinemment que les Indiens la connaissent depuis un temps immémorial. Les Apaches s’imaginent qu’elle sert de palais au génie des montagnes ; dans tous les cas, j’ai tellement été séduit par sa beauté, que j’ai provisoirement abandonné mon jacal ; j’en ai fait ma demeure. Son étendue est immense ; je suis convaincu, bien que je n’aie jamais cherché à m’en assurer, qu’elle s’étend à plus de dix lieues sous terre. Je ne vous parle pas de ses stalactites et de ses stalagmites qui pendent à la voûte et forment les dessins les plus bizarres et les plus curieux, imitant à s’y méprendre une foule d’objets ; mais la chose qui m’a le plus frappé est celle-ci : cette grotte se divise en un nombre infini de compartiments, quelques-uns de ces compartiments renferment des lacs dans lesquels nagent à profusion des poissons aveugles.

— Des poissons aveugles ? vous plaisantez, mon ami, s’écria don Miguel en s’arrêtant.

— Je me trompe, aveugles n’est pas le mot que j’aurais dû employer, ces poissons n’ont pas d’yeux.