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l’habitation, lorsque tout à coup sa mule, qui jusque-là avait si paisiblement marché, dressa les oreilles, releva la tête et s’arrêta net.

Brusquement arraché à ses méditations par ce point d’arrêt subit, le moine chercha quel obstacle s’opposait à la continuation de sa route.

À dix pas de lui environ, un homme était arrêté juste au milieu du sentier.

Fray Ambrosio était un homme qui n’était pas facile à effrayer, de plus il était bien armé. Il sortit un des pistolets cachés sous sa robe, l’arma et se prépara à interroger l’individu qui lui barrait si résolûment le passage.

Mais celui-ci, au bruit sec de la détente, jugea prudent de se faire connaître et de ne pas attendre les suites d’une interpellation presque toujours orageuse en semblable circonstance.

— Holà ! cria-t-il d’une voix forte, remettez votre pistolet à votre ceinture, Fray Ambrosio, on ne veut que causer avec vous.

— Diable ! fit le moine, l’heure et le moment sont singulièrement choisis pour une conversation amicale, compère.

— Le temps n’appartient à personne, répondit sentencieusement l’inconnu, je suis forcé de choisir celui dont je puis disposer.

— C’est juste, observa le moine en désarmant tranquillement son pistolet, sans cependant le remettre sous sa robe ; qui diable êtes-vous, compère, et qui vous presse tant de causer avec moi ? voudriez-vous vous confesser, par hasard ?

— Ne m’avez-vous pas reconnu encore, Fray Ambrosio ? faudra-t-il que je vous dise mon nom