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L’aventurier ne confia à personne ce qu’il avait aperçu pendant ce quart d’heure suprême.

Le moine ne remarqua pas dans l’ombre l’homme qu’il avait failli renverser.

Voilà de quelle façon Fray Ambrosio s’était rendu maître du secret du gambusino, et comment il savait seul à présent dans quel endroit se trouvait le placer.


XVI.

Deux variétés de scélérats.

Maintenant que le lecteur est bien édifié sur le compte de Fray Ambrosio, nous reprendrons la suite de notre récit et nous suivrons le moine à la sortie du meson après l’engagement des aventuriers.

La nuit était calme, silencieuse et sereine, nul bruit ne troublait le silence, si ce n’est le trot de la mule sur les cailloux de la route, ou parfois dans le lointain les abois saccadés des coyotes qui chassaient en troupe, selon leur coutume, quelque daim égaré.

Fray Ambrosio cheminait doucement en réfléchissant aux événements de la soirée, supputant déjà dans son esprit les bénéfices probables de l’expédition qu’il méditait.

Il avait laissé loin derrière lui les dernières maisons du village et s’avançait avec précaution dans un étroit sentier qui serpentait à travers un immense champ de cannes à sucre ; déjà dans le lointain la silhouette des hautes murailles de l’hacienda se détachait en noir à l’horizon ; il espérait arriver avant vingt minutes à