Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même coup, appelé dans l’argot du pays le coup du guapo — du brave. —

Chacun avait le visage sillonné dans toute sa longueur par une large balafre.

Les spectateurs applaudirent avec frénésie à ce magnifique début.

Les jaguars avaient senti le sang, ils étaient ivres.

— Quel beau combat ! Quel beau combat ! s’écriaient-ils avec admiration.

Cependant les deux adversaires, rendus hideux par le sang qui coulait de leurs blessures et souillait leur visage, épiaient de nouveau l’occasion de fondre l’un sur l’autre.

Soudain ils s’élancèrent. Mais cette fois ce n’était plus une simple escarmouche, c’était le combat véritable, atroce et sans merci.

Les deux hommes s’étaient saisis corps à corps et, enlacés comme deux serpents, ils se tordaient par mouvements saccadés, cherchant à se poignarder mutuellement et s’excitant à la lutte par des cris de rage et de triomphe.

L’enthousiasme des spectateurs était à son comble ; ils riaient, battaient des mains et poussaient des hurlements inarticulés en excitant les combattants à ne pas lâcher prise.

Enfin les deux ennemis roulèrent sur le sol, toujours enlacés l’un à l’autre.

Pendant quelques secondes le combat continua à terre, sans qu’il fût possible de distinguer qui était vainqueur ou vaincu.

Tout à coup l’un d’eux, qui n’avait plus forme humaine et dont le corps était rouge comme celui d’un Indien, se redressa en brandissant son couteau.