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dre le placer nous aurons à combattre les Apaches et les Comanches, sur le territoire desquels il se trouve.

Après ces paroles il y eut un silence assez long entre les trois interlocuteurs.

Chacun réfléchissait profondément à ce qu’il venait d’entendre.

Le moine suivait d’un regard voilé l’impression produite sur les chasseurs par sa confidence, mais son espoir fut déçu ; leurs physionomies demeurèrent impassibles.

Enfin Dick reprit la parole d’un ton bourru, après avoir jeté à son compagnon un regard d’intelligence.

— Tout cela est fort bien, dit-il, mais il serait absurde de supposer que deux hommes, si braves qu’ils soient, puissent tenter une telle entreprise dans des régions inconnues, peuplées de tribus féroces ; il faudrait être au moins cinquante hommes résolus et dévoués, sans cela rien n’est possible.

— Vous avez raison, aussi n’ai-je pas compté sur vous deux seulement ; vous aurez sous vos ordres des hommes déterminés, choisis par moi avec soin, et moi-même je vous accompagnerai.

— Malheureusement, si vous avez compté sur nous, vous vous êtes trompé, señor padre, dit péremptoirement Harry ; nous sommes de loyaux chasseurs, mais le métier de gambusino ne nous convient nullement ; quand il s’agirait pour nous d’une fortune incalculable, nous ne consentirions pas à faire partie d’une expédition de chercheurs d’or.

— Quand même le Cèdre-Rouge serait à la tête de cette expédition et consentirait à en prendre la direction ? insinua le moine avec une voix pateline et un regard louche.