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pour cela, et c’était toujours avec le même plaisir que don Miguel se retrouvait avec les chasseurs après une longue chasse dans les prairies, qui les avait tenus éloignés de l’habitation parfois pendant des mois entiers.

Le Mexicain et le chasseur s’étaient assis auprès du feu, tandis que Curumilla, armé de son couteau à scalper, s’occupait à écorcher les deux jaguars si adroitement tués par don Miguel, et qui étaient de magnifiques bêtes.

— Eh ! compadre, dit en riant don Miguel, je commençais à perdre patience et à croire que vous aviez oublié le rendez-vous que vous-même m’aviez donné.

— Je n’oublie jamais rien, vous le savez, répondit sérieusement Valentin ; si je ne suis pas arrivé plus tôt, c’est que la route est longue de mon jacal à cette clairière.

— Dieu me garde de vous adresser un reproche, mon ami ; cependant je vous avoue que la perspective de passer la nuit seul dans cette forêt ne me souriait que médiocrement, et que, si vous n’étiez pas arrivé avant le coucher du soleil, je serais parti.

— Vous auriez eu tort, don Miguel ; ce que j’ai à vous apprendre est pour vous de la dernière importance ; qui sait ce qui en serait résulté si je n’avais pu vous avertir ?

— Vous m’inquiétez, mon ami.

— Je vais m’expliquer : d’abord laissez-moi vous dire que vous avez, il y a quelques jours, commis une grave imprudence, dont les suites menacent d’être on ne peut plus sérieuses pour vous.

— Quelle est cette imprudeuce ?

— Je dis une, c’est deux que j’aurais dû dire.

— J’attends pour vous répondre, fit don Miguel