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C’était à eux qu’il devait la justesse de son coup d’œil, son adresse à manier toutes les armes et son habileté à dompter les chevaux.

Il n’existait pas de secrets entre don Miguel Zarate et les chasseurs.

Ils lisaient dans son âme comme dans un livre toujours ouvert.

Ils étaient les confidents désintéressés de ses projets ; car ces rudes coureurs des bois n’estimaient et ne voulaient pour eux qu’une chose, la liberté du désert.

Cependant, malgré la sympathie et l’amitié qui liaient si étroitement ces différents personnages, malgré la confiance qui faisait le fond de leur intimité, jamais don Miguel ou ses enfants n’avaient pu obtenir des chasseurs la confidence des faits antérieurs à leur arrivée dans le pays.

Souvent don Miguel, poussé non par la curiosité, mais seulement par l’intérêt qu’il leur portait, avait cherché par des mots jetés adroitement dans la conversation à les mettre sur la voie des confidences, mais Valentin avait toujours repoussé ces insinuations, assez adroitement cependant pour que le Mexicain ne fût pas blessé de son manque de confiance et se fâchât de ce silence obstiné.

Avec Curumilla, cela avait été plus simple encore.

Enveloppé dans la stoïque impassibilité indienne, retranché dans son mutisme habituel, à toutes les questions il s’était borné à secouer mystérieusement la tête sans répondre un mot.

Enfin, de guerre lasse, l’hacendero et sa famille avaient cessé de chercher à pénétrer des secrets que leurs amis, de parti pris, s’obstinaient à leur cacher.

L’amitié entre eux ne s’était pourtant pas refroidie