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ses pierres, afin que les coyotes ne vinssent point déterrer le cadavre.

Ce devoir accompli, sur un signe de leur chef, les Apaches remontèrent à cheval et prirent au galop le chemin qui conduisait au téocali du Blood’s Son, sans plus songer au compagnon dont ils venaient de se séparer pour toujours, que s’il n’eût jamais existé.

Les Apaches marchèrent trois jours ; le soir du quatrième, après une journée fatigante à travers les sables, ils firent halte à une lieue au plus du Rio Gila, dans un bois touffu au milieu duquel ils se cachèrent.

Dès que le camp fut établi, Stanapat expédia des éclaireurs dans différentes directions afin de savoir si les autres détachements de guerre des nations alliées étaient proches et afin de tâcher en même temps de découvrir les traces du Cèdre-Rouge.

Les sentinelles posées, car diverses tribus belliqueuses du Far West se gardent avec grand soin lorsqu’elles sont sur le sentier de la guerre, Stanapat visita tous les postes et se prépara à écouter le rapport des éclaireurs, dont plusieurs étaient déjà de retour.

Les trois premiers Indiens qu’il interrogea ne lui annoncèrent rien d’intéressant ; ils n’avaient rien découvert.

— Bon ! fit le chef, la nuit est sombre, mes jeunes gens ont des yeux de taupe, demain, au lever du soleil, ils verront plus clair ; qu’ils dorment cette nuit. Au point du jour ils repartiront, et peut-être découvriront-ils quelque chose. Il fit un geste de la main pour congédier les éclaireurs.

Ceux-ci s’inclinèrent respectueusement devant le chef et se retirèrent en silence.