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C’était le huitième jour après l’horrible application de la loi de Lynch que nous avons rapportée, vers le soir, un peu avant le coucher du soleil.

Toutes traces du supplice avaient disparu. Le camp de l’Unicorne était toujours établi au même endroit ; le chef lui-même avait exigé que sa tribu demeurât provisoirement où elle était, à cause de la maladie de Mme Guillois, dont l’état réclamait le repos le plus absolu.

La pauvre dame se sentait mourir peu à peu, de jour en jour elle s’affaiblissait davantage, et, douée de cette lucidité que Dieu donne parfois aux mourants, elle regardait venir la mort en souriant, tout en cherchant à consoler son fils de sa perte.

Mais Valentin, qui après tant d’années n’avait revu sa mère que pour s’en séparer à jamais, était inconsolable.

Privé de don Miguel et de son fils qui étaient retournés au Paso del Norte en emmenant avec eux le corps de l’infortunée Ellen, le chasseur pleurait sur le sein de Curumilla, qui pour toute consolation ne savait que pleurer avec lui et lui dire :

— Le Grand-Esprit rappelle la mère de mon frère, c’est qu’il l’aime.

Phrase bien longue pour le digne chef et qui montrait l’intensité de sa douleur.

Le jour où nous reprenons notre récit, Mme Guillois était étendue sur un hamac devant sa hutte, le visage tourné vers le soleil couchant.

Valentin était debout à sa droite, le père Séraphin à sa gauche et Curumilla auprès de son ami.

Le visage de la malade avait une expression radieuse, ses yeux brillaient d’un vif éclat et une légère nuance