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l’ouïe surtout se sont développées chez eux dans des proportions énormes ; ce qui, joint à une agilité extrême, un courage à toute épreuve, soutenu par des muscles et des nerfs d’une vigueur hors de toutes proportions, en fait de redoutables adversaires.

En sus de ce que nous avons dit, il faut ajouter la ruse et la trahison qui ne vont jamais l’une sans l’autre, et sont les deux grands moyens que les Indiens emploient pour s’emparer de leurs ennemis, qu’ils n’attaquent jamais en face, mais toujours par surprise.

La nécessité est la loi suprême du Peau-Rouge il y sacrifie tout ; et, comme toutes les natures incomplètes ou développées illogiquement, il n’admet que les qualités physiques, faisant peu ou point de cas de vertus dont il n’a pas besoin, et qui au contraire lui nuiraient dans la vie qu’il mène.

Nathan était lui-même presque un Peau-Rouge ; à de longs intervalles seulement il avait, pour quelques jours à peine, stationné dans les villes de l’Union américaine. Il ne connaissait donc de la vie que ce que lui en avait appris le désert ; cette éducation en vaut bien une autre, lorsque les instincts de celui qui la reçoit sont bons, parce qu’il peut faire un choix dans ses sensations, prendre ce qui est noble et généreux, et mettre de côté ce qui est mauvais.

Malheureusement Nathan n’avait eu d’autre professeur de morale que son père, il avait été habitué de bonne heure à voir les choses au point de vue de l’auteur de ses jours, c’est-à-dire au pire de tous ; si bien qu’avec l’âge, les préceptes qu’il avait reçus avaient si bien fructifié, qu’il était devenu le véritable type de l’homme civilisé devenu sauvage : la