Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Français est peut-être le peuple qui, plus que tout autre, éprouve ce sentiment si vivace dans son cœur, que, dès qu’il a été quelques années à peine éloigné de la France, il abandonne tout pour y revenir, quels que soient les avantages qu’il aurait à demeurer à l’étranger.

Valentin, pendant les longues années qu’il avait employées à parcourir le désert, avait toujours eu présent à la pensée ce souvenir du pays.

Souvent, dans ses longues causeries avec le père Séraphin, il lui avait parlé de sa mère, cette femme si sainte et si bonne qu’il n’espérait plus revoir ; car depuis longtemps il avait fait dans son cœur le sacrifice de son retour.

La fiévreuse existence du désert l’avait séduit à un point que toute autre considération avait dû céder devant celle-là, surtout après les malheurs de sa première jeunesse et les blessures de son seul amour.

Lorsqu’il se vit réuni à sa mère, qu’il comprit qu’elle ne se séparerait plus de lui, qu’il la verrait toujours, une joie immense envahit son âme.

Cet homme qui si longtemps avait été contraint de renfermer au fond de son cœur ses joies et ses douleurs fut heureux d’avoir enfin rencontré l’être dans le sein duquel il pourrait, sans restrictions menteuses, verser le trop-plein de son âme.

Le besoin d’épanchement est une des nécessités de notre nature.

La nuit entière s’écoula comme une heure en délicieuses causeries.

Les chasseurs, accroupis autour du feu, écoutaient la mère et le fils se raconter, avec cet accent qui vient