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La Tête-d’Aigle se redressa d’un air plein de noblesse ; il laissa tomber le pan de sa robe de bison, et s’adressant à l’assemblée attentive et anxieuse :

— J’ai entendu résonner à mon oreille le chant du walkon, l’oiseau chéri du Wacondah, dit-il ; sa voix harmonieuse est arrivée jusqu’à mon cœur et l’a fait tressaillir de joie. Mes fils sont bons, je les aime ; le Moqueur et dix guerriers qu’il choisira lui-même m’accompagneront, les autres retourneront aux grands villages de ma nation, afin d’annoncer aux sachems le retour de la Tête-d’Aigle parmi ses fils ; j’ai dit.

Le Moqueur demanda alors le grand calumet, qui lui fut immédiatement apporté par le porte-pipe, et les chefs fumèrent à la ronde sans échanger une parole.

Lorsque la dernière bouffée de fumée eut été dissipée dans l’air, le hachesto, auquel le Moqueur avait dit quelques mots à voix basse, proclama les noms des dix guerriers choisis pour accompagner le sachem.

Les chefs se levèrent, s’inclinèrent devant la Tête-d’Aigle, et remontant silencieusement à cheval, ils partirent au galop.

Pendant un assez long espace de temps, le Moqueur et la Tête-d’Aigle s’entretinrent à voix basse.

À la suite de leur conversation, le Moqueur et ses guerriers s’éloignèrent à leur tour.

La Tête-d’Aigle, Belhumeur et don Luis demeurèrent seuls.

Le Canadien regardait d’un œil distrait les Indiens s’éloigner ; lorsqu’ils eurent disparu, il se tourna vers le chef :

— Hum ! fit-il, nous voici enfin libres de nous