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fastes du del Norte, voici près de trois semaines que nous le parcourons dans tous les sens sans que rien, jusqu’à présent, soit venu nous troubler ; voilà huit jours déjà que nous errons à l’aventure à la recherche d’une piste qu’il nous est impossible de retrouver.

— C’est vrai.

— J’ai fait alors ce raisonnement que je crois juste, et que vous approuverez, j’en suis convaincu. Les Français n’ont qu’accidentellement pris la résolution d’entrer dans le désert ; ils ne l’ont fait que pour se mettre à la poursuite des Apaches. N’est-ce pas votre avis ?

— Oui.

— Fort bien. En conséquence, ils ont dû le traverser en ligne directe. Le temps qui nous a favorisés les a favorisés de même ; leur intérêt, le but qu’ils voulaient atteindre, tout enfin exigeait qu’ils déployassent la plus grande célérité dans leur marche. Une poursuite, vous le savez comme moi, est une course, un assaut de vitesse, où chacun cherche à arriver le premier.

— Ainsi vous supposez,… interrompit don Sylva.

— Je ne suppose pas, je suis convaincu que, depuis longtemps déjà, les Français ne sont plus dans le désert et qu’ils courent maintenant dans les plaines de l’Apacheria ; ce feu que nous avons aperçu en est, pour moi, une preuve convaincante.

— Comment cela ?

— Vous allez me comprendre : les Apaches ont tout intérêt à éloigner les Français de leurs territoires de chasse ; désespérés de les voir hors du désert, il