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— Il s’est mis à rire, et m’a donné l’ordre de vous introduire.

— Vous voyez bien que j’avais raison.

— C’est vrai ! mais c’est égal, c’est tout de même une drôle de recommandation qu’une tentative d’assassinat !

— Une rencontre ! observa l’inconnu.

— Je ne sais pas si vous lui donnez ici ce nom-là ; mais en France nous nommons cela un guet-apens. Allons ! venez.

L’étranger ne répondit rien ; il se contenta de lever les épaules et suivit le digne soldat.

Dans une immense salle, dont les murs délabrés menaçaient ruine, et à laquelle l’azur du ciel pailleté d’étoiles servait de dôme, quatre hommes aux traits énergiques et aux yeux brillants comme des éclairs, étaient assis autour d’une table servie avec le luxe le plus délicat et le confortable le plus sensuel.

Ces quatre hommes étaient le comte de Lhorailles et les officiers formant son état-major, c’est-à-dire les lieutenants Diego Léon, Martin Leroux, et l’ancien capataz de don Sylva de Torrès, Blas Vasquez.

Le comte de Lhorailles était, avec sa compagnie franche, campé depuis cinq jours dans la Casa-Grande de Moctecuzoma.

Après l’attaque de la colonie par les Apaches, le comte, dans l’espoir de retrouver sa fiancée disparue d’une façon si mystérieuse pendant le combat et enlevée, selon toutes les probabilités, par les Indiens, avait pris immédiatement la résolution d’exécuter les ordres que depuis longtemps déjà le gouvernement lui avait donnés, et auxquels, jusque là,