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heures matinales, et dirigèrent leurs regards vers l’endroit où le bruit de pas se faisait entendre.

Un cavalier venait d’apparaître à l’angle de la route conduisant aux ruines.

L’inconnu, sans se préoccuper de ce qu’il voyait, continuait à s’avancer résolument vers la maison.

Il franchit l’enceinte des ruines, et arrivé à dix pas environ des sentinelles, il s’arrêta, mit pied à terre, jeta la bride sur le cou de son cheval, et sans plus s’en embarrasser, se dirigea d’un pas ferme vers les sentinelles, qui l’attendaient toujours, muettes et immobiles.

Mais lorsqu’il ne fut plus qu’à deux longueurs d’épée du groupe, toutes les lances se baissèrent subitement, se réunirent sur sa poitrine et une voix rauque cria :

— Halte.

L’inconnu s’arrêta sans répondre.

— Qui êtes-vous ? que demandez-vous ? reprit le cavalier.

— Je suis costeño[1] ; j’ai fait une longue route afin de voir votre chef, auquel je désire parler, répondit l’étranger.

Aux lueurs pâles et tremblotantes de la lune, le cavalier chercha vainement à distinguer les traits de l’inconnu ; mais cela lui fut impossible, tant celui-ci était embossé avec soin dans son manteau.

— Quel est votre nom ? dit-il d’un ton de mauvaise humeur lorsqu’il eut reconnu que tous ses efforts étaient inutiles.

  1. Des provinces situées sur la côte, par opposition à celles de l’intérieur.