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— Mon frère le Moqueur est un chef expérimenté, dit-il, et un allié fidèle ; il a bien rempli la mission dont il s’était chargé ; il enfume en ce moment les chiens faces pâles ; ce que les Comanches ont commencé, les Apaches le finiront.

— L’Ours-Noir est le premier guerrier de sa nation, répondit la Petite-Panthère ; qui oserait lutter avec lui ?

Le sachem indien sourit à cette flatterie.

— Si les Comanches sont des antilopes, les Apaches sont des loutres ; ils savent quand ils le veulent nager dans les eaux aussi bien que marcher sur la terre et voler dans les airs ; les visages pâles ont vécu ; le Grand-Esprit est en moi, c’est lui qui me dicte les paroles que souffle ma poitrine.

Les guerriers s’inclinèrent.

L’Ours-Noir reprit après un instant de silence :

— Qu’importent aux guerriers apaches les tubes enflammés des visages pâles ! N’ont-ils pas de longues flèches cannelées et des cœurs intrépides ? Mes fils me suivront, nous prendrons les chevelures de ces chiens pâles pour les attacher à la crinière de nos chevaux, et leurs femmes seront nos esclaves.

Des cris de joie et d’enthousiasme accueillirent ces paroles.

— Le fleuve charrie de nombreux troncs d’arbres ; mes fils ne sont pas des femmes, pour se fatiguer inutilement ; ils se placeront sur ces arbres morts et se laisseront dériver au courant jusqu’à la grande hutte des faces pâles. Que mes fils se préparent : l’Ours-Noir partira à la seizième heure, alors que la hulotte bleue aura chanté deux fois et que le walkon