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monsieur, répondit celui-ci en s’inclinant avec courtoisie, mais sans serrer la main tendue vers lui.

— Je vous remercie, reprit le comte, sans paraître remarquer le mouvement de retraite de Louis. Comptez-vous bientôt nous quitter ?

— Je dois vous laisser à vos urgentes occupations. Si vous me le permettez, je prendrai à l’instant congé de vous.

— Pas sans avoir déjeuné, au moins ?

— Vous m’excuserez : le temps nous presse. J’ai des amis que j’ai quittés depuis plusieurs heures déjà, et qui doivent être inquiets de ma longue absence.

— Vous sachant auprès de moi, monsieur, c’est impossible, dit le comte d’un air piqué.

— Ils ignorent si je suis arrivé ici sans encombre.

— C’est différent, je ne vous retiens plus ; encore une fois, merci, monsieur.

— J’ai agi selon ma conscience, monsieur, vous ne me devez aucun remercîment.

— Les trois hommes sortirent de la salle et se dirigèrent vers la batterie de l’isthme en causant de choses indifférentes ; à moitié chemin à peu près, ils rencontrèrent don Blas, le capataz ; don Sylva lui fit signe de le joindre, et, lorsqu’il fut près de lui, en deux mots il le mit au fait des événements qui se préparaient et du rôle qu’il devait y jouer.

— Voto à Dios I s’écria joyeusement le capataz, je vous remercie, don Sylva, de cette bonne nouvelle. Nous allons donc en découdre enfin avec ces chiens apaches ! Caraï ! ils verront beau jeu, je vous jure.

— Je m’en rapporte entièrement à vous, Blas.