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qui consentira à se rendre à l’hacienda ? Mon compagnon ni moi ne pouvons nous y présenter.

— Allons, je crois deviner qu’il y a là-dessous une histoire d’amour, observa finement le Canadien, je comprends qu’il vous soit difficile de…

— À quoi bon discuter plus longtemps ? interrompit Louis ; demain, au lever du soleil, je me rendrai à l’hacienda ; je me charge d’expliquer au propriétaire, dans tous ses détails, quel est le danger qui le menace.

— Bien, voilà qui est convenu, cela arrange tout, dit Belhumeur.

— Alors, de notre côté, lorsque nos chevaux seront reposés, mon compagnon et moi nous vous quitterons pour retourner à Guaymas.

— Non pas, s’il vous plaît, dit le Français ; il me semble qu’il est d’abord convenable que vous sachiez à quoi vous en tenir, et connaissiez le résultat de la mission dont je me charge ; cela vous regarde encore plus que nous, je suppose.

Le Mexicain réprima un vif mouvement de contrariété.

— Vous avez raison, répondit-il, je n’y songeais pas. J’attendrai donc votre retour.

Les chasseurs échangèrent encore quelques mots entre eux, puis ils s’enveloppèrent dans leurs couvertures, s’étendirent sur le sol et ne tardèrent pas à s’endormir.

Le plus profond silence régna dans la clairière, éclairée faiblement par les reflets rougeâtres du feu mourant.

Depuis deux heures environ, les aventuriers étaient plongés dans le sommeil, lorsque les bran-