Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous avez eu tort de laisser aussi facilement échapper ce chien indien.

Le Tigrero haussa les épaules.

— Ne fallait-il pas sortir du guêpier dans lequel nous nous étions fourrés, répondit-il. Bah ! ce n’est que partie remise ; allons retrouver nos chevaux.

— Un instant encore ; si vous le permettez, dit Belhumeur en sortant de sa cachette et s’avançant avec aisance ainsi que ses deux compagnons.

— Qu’est-ce que c’est que cela ? s’écria Cucharès en reprenant son couteau, tandis que don Martial armait froidement ses pistolets.

— Cela ? caballero, reprit paisiblement Belhumeur, mais vous le voyez bien, il me semble.

— Je vois trois hommes.

— En effet, vous ne vous trompez nullement, trois hommes qui ont assisté invisibles à la scène que vous avez si bravement terminée ; trois hommes qui se tenaient prêts à vous venir en aide s’il y en avait eu besoin, et qui maintenant encore vous offrent de faire cause commune avec vous pour empêcher le sac de l’hacienda que les Apaches veulent piller ; cela vous convient-il ?

— C’est selon, fit le Tigrero ; encore faut-il que je sache quel intérêt vous engage à agir ainsi ?

— Celui de vous être agréable d’abord, reprit poliment Belhumeur, ensuite le désir de sauver les chevelures des pauvres diables menacés par ces damnés Peaux-Rouges.

— J’accepte alors de grand cœur l’offre que vous me faites.