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Le Mexicain se mordit les lèvres de rage ; il était pris et n’avait rien à répondre.

— Je me vengerai ! fit-il en frappant du pied.

— L’Ours-Noir est un chef puissant ; il se rit des croassements des corbeaux ; le visage pâle ne peut rien contre lui.

D’un geste prompt comme la pensée, le Mexicain se précipita sur l’Indien, le saisit à la gorge, et, dégainant son poignard, il le leva pour l’en frapper.

Mais l’Apache surveillait avec soin les mouvements de son adversaire ; par un geste non moins rapide, il se débarrassa de son étreinte, et d’un bond il se trouva hors de son atteinte.

— Le visage pâle a osé toucher un chef, dit-il d’une voix rauque, il mourra.

Le Mexicain haussa les épaules et saisit les pistolets passés à sa ceinture.

Il était impossible de deviner comment aurait fini cette scène, si un nouvel incident ne fût venu tout à coup en changer complètement la face.

Du même arbre où, quelques minutes auparavant, était caché le Mexicain, un second individu s’élança subitement, vint choquer contre l’Apache, le renversa sur le sol et le réduisit à la plus complète immobilité avant que celui-ci, surpris par cette attaque soudaine, pût faire un geste pour se défendre.

— Ah ça, murmura Belhumeur avec un rire étouffé, il y a donc une légion de diables dans ce cèdre-acajou !

Le Mexicain et l’homme qui était si à propos venu à son secours avaient, en un tour de main, solidement attaché l’Indien avec une reata.