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LA FIÈVRE D’OR.

Curumilla était penché sur lui, et lui réitérait par un geste d’une signification terrible sa recommandation.

Le comte saisit son rifle posé auprès de lui.

— Que se passe-t-il donc ? demanda-t-il d’une voix sourde.

— Venez, en vous tenant dans l’ombre, répondit Curumilla sur le même ton.

Louis obéit à cette recommandation dont il reconnut l’importance ; s’étendant sur le sol, il glissa doucement dans la direction que lui indiquait l’Indien.

Bientôt il se trouva à l’abri derrière un épais buisson, où il vit don Cornelio et Valentin en embuscade, le corps penché en avant, et interrogeant les ténèbres avec anxiété.

— Pour Dieu ! mes amis, dit le comte, que signifie cela ? Le plus profond silence règne autour de nous, tout semble tranquille ; pourquoi cette alerte ?

— Curumilla a reconnu ce soir, une heure avant la halte, des traces d’Indiens Yaquis. Tu sais, frère, que ces démons sont les plus effrontés rôdeurs qui soient ; il est évident qu’ils en veulent à nos bestiaux.

— Mais qui vous fait supposer cela ? Ces traces, dont je ne nie pas l’existence, peuvent appartenir à des voyageurs aussi bien qu’à des vagabonds ; rien, jusqu’à présent ne nous fait supposer que c’est à nous qu’en veulent ces gens, que nous n’avons pas même vus.

Un sinistre sourire pinça les lèvres minces du chef, et touchant du doigt le bras du comte, tandis