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LA FIÈVRE D’OR.

pas fâché de rompre une conversation qui prenait une tournure de personnalité assez désagréable pour lui.

— Un signal donné par une sentinelle, répondit el Garrucholo, un espion qui nous apporte des nouvelles, sans doute. Nous attendons, comme vous le savez, le passage de certains voyageurs.

— C’est vrai, mais on les dit bien armés et bien escortés.

— Tant mieux ! ils se défendront alors ; cela nous changera.

— Le fait est que ceux que nous avons arrêtés depuis quelque temps semblaient s’être donné le mot pour se laisser dépouiller sans se plaindre.

— Si les renseignements que j’ai reçus sont exacts, il n’en sera pas de même de ceux-ci.

Le cri de la chouette retentit une seconde fois, mais beaucoup plus rapproché.

— Il est temps, observa el Carrucholo.

Les deux chefs se couvrirent alors le visage de masques de velours noir.

Presque aussitôt parut un homme conduit par deux bandits.

En entrant dans la clairière, cet individu jeta autour de lui un regard plutôt étonné qu’effrayé, rien dans sa démarche ne laissait voir qu’il fût tombé dans une embuscade, son visage était calme bien qu’un peu pâle et son pas était assuré.

Les bandits qui l’escortaient le conduisirent en présence des deux chefs.

Ceux-ci l’examinèrent attentivement à travers les trous de leurs masques, puis el Buitre prit la parole en espagnol en s’adressant aux bandits :