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tirent malgré eux renaître dans leur cœur le sentiment du devoir, qu’ils avaient vainement cherché à étouffer.

— L’assemblée ! cria le comte d’une voix tonnante.

Subissant l’influence magnétique de cet homme, que depuis longtemps, déjà, ils étaient habitués à respecter, ils obéirent tant bien que mal à son ordre, et se groupèrent autour de lui.

— Pas ainsi, reprit-il, à vos rangs !

Le premier pas était fait, ils formèrent les rangs.

Le comte les examina un instant en promenant sur le front de bandière son regard profond.

Les aventuriers étaient silencieux et mornes ; ils se sentaient coupables ; ces dures natures tremblaient, non de peur mais de honte.

Le comte prit la parole :

— Que me reprochez-vous, mes compagnons, leur dit-il de sa voix douce et sympathique ; depuis que je vous ai réunis autour de moi, n’ai-je pas fait tout ce qui était en mon pouvoir pour améliorer la position dans laquelle vous êtes ? ne vous ai-je pas constamment traités comme mes enfants ? Parlez ; si j’ai blessé quelques-uns de vous, si j’ai commis une seule injustice, dites-le-moi ? On vous a fait croire que je vous trompais, que je n’étais pas concessionnaire de la Plancha de plata, que cette mine n’existait pas, que sais-je encore ; regardez, fit-il en tirant un papier de sa poitrine, voilà les papiers ; le traité est bien en règle, les étapes sont préparées jusqu’aux mines. Maintenant avez-vous foi en moi ? Supposez-vous encore que je vous abuse ? répondez !