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LA FIÈVRE D’OR.

perturbablement l’Indien ; Mixcoatzin est un chef parmi les Yaquis.

— Tu voulais voler mes bestiaux, n’est-ce pas ?

— Les Yaquis ne sont pas des voleurs, tout ce qui est sur leur terre leur appartient ; les visages pâles n’ont qu’à retourner chez eux de l’autre côté du grand lac salé.

— Si je te condamne à mourir, que diras-tu ?

— Rien ; c’est la loi de la guerre ; la face pâle verra comment un chef yaqui supporte la douleur.

— Tu reconnais donc que tu mérites la mort ?

— Non ; le visage pâle est le plus fort, il est le maître.

— Si je te laisse aller, que penseras-tu ?

L’Indien haussa les épaules.

— Le face-pâle n’est pas fou, dit-il.

— Mais enfin si j’agis de cette façon ?

— Je dirai que le face-pâle a peur.

— Peur ! et de quoi ?

— De la vengeance des guerriers de ma nation.

Ce fut au tour de don Luis de hausser les épaules.

— Ainsi, dit-il encore, si je te rendais la liberté, tu ne m’en conserverais pas de reconnaissance ?

— Pourquoi serais-je reconnaissant ? un guerrier doit tuer son ennemi quand il le tient. S’il ne le fait pas, c’est un lâche.

Les chasseurs ne purent retenir un geste d’étonnement à l’énoncé de cette singulière théorie.

Don Luis se leva.

— Écoute, lui dit-il, je ne te crains pas et je vais t’en donner la preuve.

D’un geste prompt comme la pensée il saisit la