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L’ÉCLAIREUR.

pas de liqueur forte, le Comanche s’abstint de prendre sa part, les quatre hommes se séparèrent, Ruperto, l’Aigle-Volant et l’Églantine, s’enfonçant dans la Prairie, dans la direction de l’ouest, tandis que Balle-Franche et Bon-Affut, obliquant un peu à gauche, se dirigeaient, au contraire, vers l’Est, afin de gagner le gué del Rubio, où le second était attendu.

— Hum ! observa Balle-Franche en jetant son rifle sous le bras gauche et se mettant en marche de ce pas élastique particulier aux coureurs des bois, nous nous sommes taillé une rude besogne.

— Qui sait, mon ami ? répondit Bon-Affût d’un ton soucieux. Dans tous les cas, il nous faut découvrir la vérité.

— C’est aussi mon avis.

— Il y a une chose que je veux savoir avant tout.

— Laquelle ?

— Ce que renferme le palanquin si bien fermé de don Miguel.

— Pardieu ! une femme, sans doute.

— Qui vous l’a dit ?

— Personne, mais je le présume.

— Ne préjugeons de rien, mon ami ; avec le temps tout s’éclaircira.

— Dieu le veuille !

— Dieu voit tout et sait tout, mon ami. Croyez bien que, s’il lui a plu de faire germer au fond de nos cœurs les soupçons qui nous tourmentent en ce moment, c’est que, ainsi que je vous le disais, il y a un instant, il veut faire de nous les instruments de sa justice.

— Que sa volonté soit faite ! répondit Balle-Franche en ôtant pieusement son bonnet ; je suis prêt à obéir à tout ce qu’il ordonnera de moi.

Après cet échange mutuel de pensées, les chasseurs,