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L’ÉCLAIREUR.

tout ce qui peut être agréable et utile à la vie ; une église, un hôpital, une buanderie, un vaste potager, un jardin touffu et bien dessiné qui offre de doux ombrages réservés pour la promenade des religieuses ; de larges cloîtres garnis de grands tableaux de bons maîtres, représentant des scènes de la vie de la Vierge et de celle de saint Bernard à qui le couvent est consacré ; ces cloîtres, bordés de galeries circulaires sous lesquelles ouvrent les cellules des religieuses, encadrent des cours sablées ornées de pièces d’eau dont les gerbes élancées rafraîchissent l’air à l’heure si chaude de midi. Les cellules sont des charmantes retraites où rien de ce qui compose le confortable ne fait défaut ; une couchette, deux butaccas couvertes en cuir tanné de Cordoue, un prie-Dieu, une petite table de toilette dans le tiroir de laquelle on est certain de trouver un miroir, quelques tableaux de sainteté occupent la place principale. Dans un angle de la pièce on voit, entre une guitare et une discipline, une statue de la Vierge en bois ou en albâtre, portant une couronne de roses blanches sur la tête et ayant devant elle une lampe qui brûle constamment. Tel est l’ameublement qu’à peu d’exceptions près on est sûr de rencontrer dans toutes les cellules des religieuses.

Le couvent des Bernardines renfermait, à l’époque où se passe cette histoire, cent cinquante religieuses et environ une soixantaine de novices. Dans ce pays de tolérance, il est rare de voir des religions cloîtrées ; les sœurs peuvent sortir en ville, faire et recevoir des visites ; la règle est excessivement douce, et, à part les offices auxquels elles sont tenues d’assister avec une grande ponctualité, les religieuses, une fois rentrées dans leurs cellules, sont à peu près libres de faire ce que bon leur semble sans que personne y prenne garde ou semble s’en apercevoir.

Nous avons décrit les cellules du couvent, qui se ressemblent toutes ; mais celle de la mère supérieure mérite une