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L’ÉCLAIREUR.

mes compagnons et moi, avant qu’un Apache puisse franchir le seuil de cette porte.

— Les Apaches, s’écrièrent les jeunes filles, dont le souvenir de leur captivité était encore palpitant dans leur mémoire et qui tremblaient à la seule pensée de retomber entre leurs mains.

Cependant ce mouvement d’effroi n’eut que la durée d’un éclair ; la physionomie de Laura reprit aussitôt l’expression angélique qui lui était habituelle, et ce fut en donnant à sa voix l’intonation la plus doute qu’elle dit à don Miguel :

— Nous avons foi en vous ; nous savons que, pour nous sauver, vous ferez tout ce qui est humainement possible ; nous vous remercions de votre dévouement ; notre sort est entre les mains de Dieu, nous avons confiance en lui. Agissez en homme, don Miguel, ne vous inquiétez pas de nous davantage ; seulement, je vous en prie, veillez sur mon père.

— Oui, ajouta doña Luisa, faites bravement votre devoir ; de notre côté, nous ferons le nôtre.

Don Miguel la regarda sans comprendre. Elle sourit en rougissant, mais sans parler davantage.

Le jeune homme semblait vouloir dire quelques mots ; mais après un moment d’hésitation, il salua respectueusement les jeunes filles et se retira.

Laura et Luisa se jetèrent alors dans les bras l’une de l’autre et s’embrassèrent avec effusion.

Lorsque don Miguel entra dans le patio, Bon-Affût s’avança vers lui, et lui montrant du doigt plusieurs rangées de points noirs qui semblaient ramper dans la direction de l’hacienda :

— Regardez, lui dit-il sèchement.

— Ce sont les Peaux-Rouges ! s’écria don Miguel.

— Il y a dix minutes que je les vois, reprit le chasseur ;